Le beurre est-il vraiment si mauvais pour la santé?
Pour votre cœur, mieux vaut manger un vrai "jambon-beurre", fait avec des produits naturels, qu’un erzatz de jambon allégé tartiné de margarine entre deux tranches de pain de mie. C’est en substance le message d'Aseem Malhotra, l’un des plus grands cardiologues d’Angleterre, dans un article publié dans le British Medical.
Beurre, fromage et viandes rouges ne sont pas aussi mauvais pour le cœur qu’on le pense: selon Malhotra il est temps de «casser le mythe» autour des graisses saturées. En 2010, une méta-analyse publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition a conclu qu’«il n’existe aucune preuve significative permettant de conclure que les graisses saturées dans l’alimentation sont associées à un risque accru de maladies cardiaques.»
Depuis des décennies, les entreprises agroalimentaires apposent l’étiquette «faible en graisses saturées» sur leurs produits transformés (céréales, plats préparés ou autres yaourts allégés) pour leur donner l’image d’un produit sain. Le danger est là, souligne Joanna Blythman:
«Leur devise a toujours été, quitte à vendre de la merde, autant vendre de la merde à faible teneur en graisses, parce que les consommateurs n’iront pas scruter l’étiquette pour examiner la composition du produit.»
Cet interdit sur les graisses saturées a un effet d’aubaine pour les industriels du sucre et des céréales, il détourne notre attention du facteur majeur de l’obésité: la surconsommation de sucres et glucides raffinés, lesquels perturbent la glycémie et les niveaux d’insuline, et favorisent la production de graisse et son stockage dans le corps.
En outre, affirme Aseem Malhotra, l’obsession des autorités sanitaires pour la prévention des maladies cardiaques, par la réduction du taux de cholestérol, entraîne une sur-prescription de statines qui a des effets secondaires négatifs supérieurs aux bénéfices.
Alison Tedstone, directrice du département alimentation et obésité de l'agence de santé publique britannique réfute cette objection et déclare: «Les conseils du gouvernement sont basés sur une multitude de preuves scientifiques. L’article du BMJ est basé sur une opinion, plutôt qu’une synthèse complète de la recherche.»
Catherine Collins, diététicienne au National health service (NHS) a affirmé à la BBC que les conseils du docteur Aseem Malhotra étaient «dangereux», parce qu’ils brouillent le message qui associe la surconsommation de graisses aux maladies cardiaques. Réponse du cardiologue: «Le message que je veux faire passer, c’est: "mangez de vrais aliments, fuyez la nourriture transformée."»
(Source Slate.fr)