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| | Baudelaire et son charme | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Baudelaire et son charme Mer 2 Juil - 7:50 | |
| L'invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
j'adore ce poème, sa douceur, sa musicalité, ses odeurs,
il me donne envie de partir, de m'enfuir, de rejoindre un lieu secret où mes désirs et mes plaisirs s'assouviraient éternellement |
| | | Cheyenne Ancien
Messages: : 3779 Age : 55 Lieu : Haute Savoie Inscrit le : 07/05/2008
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Mer 2 Juil - 19:55 | |
| - Cheyenne a écrit:
- .....ses odeurs ?
pfffffffffffffffffffffffffff moqueuse et vi je maintiens "ses odeurs" quand je le lis, je sens l'odeur de musc, le gingembre (c'est une fleur), le jasmin, |
| | | Cheyenne Ancien
Messages: : 3779 Age : 55 Lieu : Haute Savoie Inscrit le : 07/05/2008
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Jeu 3 Juil - 3:14 | |
| faut que tu m'apprenne à lire ma belotte ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Jeu 3 Juil - 3:56 | |
| - Cheyenne a écrit:
- faut que tu m'apprenne à lire ma belotte !
je vais t'apprendre bellotte (le reste du clan peut suivre le conseil) tu t'allonges dans ton lit tu penses à l'être aimé et tu lis à voix haute (ou non d'ailleurs) mais surtout tu laisses ton coeur lire, ton âme s'impregner des mots, et tu t'envoles au paradis je vous jure que j'ai rien fumé, ni bu d'ailleurs (j'attends un tit blanc de suisse pour voir l'effet qu'il fait) |
| | | Cheyenne Ancien
Messages: : 3779 Age : 55 Lieu : Haute Savoie Inscrit le : 07/05/2008
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Jeu 3 Juil - 5:25 | |
| Promis, j'essai ce soir ! | |
| | | Corwin Chaman
Messages: : 14064 Age : 1012 Lieu : En forêt d'Yveline Inscrit le : 09/01/2006
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Jeu 3 Juil - 19:51 | |
| Baudelaire doit être le seul poète dont je connaisse plus d'une oeuvre (avec Hugo) Je ne perçois pas les odeurs comme Asa, mais la musique! Il y a toute une symphonie dans certaines strophes envahies de rimes riches LE CRÉPUSCULE DU MATIN La diane chantait dans les cours des casernes, Et le vent du matin soufflait sur les lanternes. C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ; Où, comme un œil sanglant qui palpite et qui bouge, La lampe sur le jour fait une tache rouge ; Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd, Imite les combats de la lampe et du jour. Comme un visage en pleurs que les brises essuient, L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient, Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer. Les maisons çà et là commençaient à fumer. Les femmes de plaisir, la paupière livide, Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide ; Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids, Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs doigts. C'était l'heure où parmi le froid et la lésine S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ; Comme un sanglot coupé par un sang écumeux Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux, Une mer de brouillards baignait les édifices, Et les agonisants dans le fond des hospices Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux. Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux. L'aurore grelottante en robe rose et verte S'avançait lentement sur la Seine déserte, Et le sombre Paris, en se frottant les yeux, Empoignait ses outils, — vieillard laborieux ! Casernes...Lanternes Bouge...rouge Lésine...gésine Yeux...Laborieux Essuient...Enfuient. Et le génie des mots, toutes les rimes sont ciselées, rien n'est bancal - Citation :
- Comme un visage en pleurs que les brises essuient,
L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient, Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer. Qui d'autre que Baudelaire pouvait écrire ça! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Jeu 3 Juil - 23:39 | |
| tu ne pouvais pas me faire plus plaisir Baudelaire est un génie de l'écriture. mais à Hugo, je préfère Verlaine. |
| | | Corwin Chaman
Messages: : 14064 Age : 1012 Lieu : En forêt d'Yveline Inscrit le : 09/01/2006
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 4 Juil - 0:58 | |
| HARMONIE DU SOIR Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir, — Valse mélancolique et langoureux vertige ! — Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige; — Valse mélancolique et langoureux vertige ! — Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige, Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir! — Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. Un cœur tendre qui hait le néant vaste et noir Du passé lumineux recueille tout vestige; — Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige; Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Et Harmonie du soir, n'est-ce pas une pure merveille, la répétition lancinante des vers précédents à chaque strophe vous entraîne dans une ronde obsessionnelle et magique. Je te l'offre en cadeau pour que tu recouvres ton calme. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 4 Juil - 3:19 | |
| bizarre, bizarre, grand chaman je suis enfin rentrée chez moi et la première page que j'ouvre de mon Baudelaire est "harmonie du soir" vi, vi, j'ai mon Baudelaire qui me suit et me poursuit et me reconstruit depuis le lycée, un peu vieux, un peu abimé, un peu écrit (bcp d'ailleurs) et le deuxième est UNE CHAROGNE
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux: Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague, Ou s'élançait en petillant; On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient-plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Épiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché.
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Étoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces, Après les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses. Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés! |
| | | Corwin Chaman
Messages: : 14064 Age : 1012 Lieu : En forêt d'Yveline Inscrit le : 09/01/2006
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 4 Juil - 3:56 | |
| Elle n'est pas dans ma liste de preférences; il me vient plutôt Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Et parce que l'homme et la mer amène l'albatros:
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
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| | | Cheyenne Ancien
Messages: : 3779 Age : 55 Lieu : Haute Savoie Inscrit le : 07/05/2008
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 4 Juil - 7:27 | |
| Oh mais voici donc deux amoureux de Baudelaire ! Ne troublons pas cette lecture, et lisons ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 4 Juil - 7:51 | |
| ma bellotte,
quand tu viendras à la maison, je te ferais la lecture
mais là je laisse mon baudelaire car je ne l'ouvre qu'à des magnifiques poèmes certes mais trés noir, le spleen me va bien ce soir |
| | | Cheyenne Ancien
Messages: : 3779 Age : 55 Lieu : Haute Savoie Inscrit le : 07/05/2008
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 4 Juil - 7:54 | |
| Oh vi je veux bien ! | |
| | | Corwin Chaman
Messages: : 14064 Age : 1012 Lieu : En forêt d'Yveline Inscrit le : 09/01/2006
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Jeu 24 Juil - 4:52 | |
| Ainsi que le dit Asa, Baudelaire est un génie de l'écriture. Mais au contraire d'elle, il ne me tourmente pas. Cela faisait des années que je n'avais pas relu un de ses poèmes. | |
| | | Corwin Chaman
Messages: : 14064 Age : 1012 Lieu : En forêt d'Yveline Inscrit le : 09/01/2006
| Sujet: Re: Baudelaire et son charme Ven 15 Aoû - 22:54 | |
| XCIII. À une Passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... Puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! | |
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| Sujet: Re: Baudelaire et son charme | |
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